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Bilan de la campagne sur la transparence des comptes de campagne.

En janvier dernier, les associations anticorruption Anticor et Transparency France lançaient un appel aux candidats à la présidentielle 2022 pour les inviter à publier volontairement leurs comptes de campagne.

Actant que les avancées permises par les lois de transparence de 2017 n’étaient pas suffisantes pour garantir la sincérité du scrutin et protéger ce moment clé de notre démocratie d’une nouvelle « affaire Bygmalion », Anticor et Transparency International France avaient pour objectif de faire adopter cette bonne pratique par le plus grand nombre de candidats en vue de démontrer sa faisabilité et de continuer à avancer vers une réforme d’ampleur du financement de vie politique et du contrôle des comptes de campagne au début du prochain mandat. 

Les deux associations ont interpellé les candidats dans une tribune publiée dans Le Monde et par un courrier, accompagné d’un cahier des charges, permettant la mise en place de cette campagne de transparence.

Seuls 5 des 12 candidats officiels à cette élection présidentielle ont répondu : Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud .

Seul un candidat, Yannick Jadot, a adopté l’ensemble des bonnes pratiques que nous proposions.

La réaction des candidats est décevante au regard du consensus sur la nécessité d’une réforme du financement des campagnes électorales qui a progressivement émergé en France jusqu’à devenir une évidence à la suite du procès Bygmalion fin 2021. Ce procès a en effet mis en évidence d’importantes failles dans le contrôle du financement des campagnes électorales.

Pourtant, moins de la moitié des candidats officiels à l’élection ont répondu et il manque 4 des 5 candidats les mieux placés dans les sondages.

Une grande partie de la classe politique française continue à penser qu’elle a plus à perdre électoralement et politiquement à faire de la transparence et de l’exemplarité des priorités. 

Toutefois, un des objectifs de cet appel était d’aller plus loin vers une réforme en introduisant une pratique vertueuse et démontrer que l’adoption de celle-ci n’est pas impossible techniquement, stratégiquement ou politiquement. La mise en œuvre de cette bonne pratique par un candidat suffit à faire cette démonstration. 

L’exemplarité des dirigeants est au cœur des attentes des Françaises et des Français. C’est même LA priorité du million de citoyens qui ont participé à la consultation publique Ma France 2022, organisée par Make, France Bleu et France 3. 

« Affaires McKinsey » et « Orpéa », traque impossible des avoirs des oligarques russes, mise en examen du garde des Sceaux pour prise illégale d’intérêts… le manque d’exemplarité, de transparence, de régulation et de moyens publics face aux intérêts privés ou face à la corruption est omniprésent dans cette campagne et pourtant presque absent du débat public et des programmes des candidats.

En cinq ans, le fossé s’est élargi entre d’un côté les promesses des candidats, les attentes des citoyens et de l’autre le manque de volonté politique d’agir, les « leaks », les « affaires » qui se succèdent et qui finissent par ne même plus avoir besoin de fondement factuel pour exister, se limitant à de simples soupçons. 

27 ans après la campagne de 1995 marquée par « l’affaire Karachi », 15 ans après la campagne de 2007 marquée par le financement libyen potentiel de la campagne de Nicolas Sarkozy, 10 ans après « l’affaire Bygmalion », 5 ans après la campagne de 2017 marquée par des pratiques polémiques dont certaines sont encore en cours d’instruction, une partie importante de notre classe politique n’agit contre la corruption qu’à contre-cœur, sous la contrainte des « affaires ». C’est un mauvais calcul. La défiance citoyenne peut emporter toute la classe politique. Notre démocratie peut être balayée par la dictature du soupçon. 

C’est bien pour favoriser un regain de confiance qu’Anticor et Transparency avaient proposé cette démarche de transparence. Le souhait de nos deux associations, à la veille du scrutin électoral le plus important de la vie politique française est que candidats et électeurs prennent vigoureusement et absolument parti pour l’éthique. 

Les réponses des candidats :

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