# Local

Montpellier : la dépense publique ne doit pas financer la publicité de Ryanair !

Plusieurs associations, dont Anticor, appellent la région Occitanie à suspendre sa délibération prévue, ce vendredi 16 décembre 2016 en Commission permanente. Cette commission vise à octroyer une subvention de 550 000 € à l’Association de Promotion des Flux Touristiques et Économiques (APFTE).

En effet depuis 2010, l’APFTE a acheté pour plus de 10 millions d’euros des contrats de marketing des compagnies low cost (dont plus de 80 % sont captés par la seule compagnie Ryanair) au bénéfice de Airport Marketings Service (sa filiale située sur l’Ile de Man).

Pour Anticor, « les collectivités qui subventionnent l’APFTE, outrepassent toutes les mises en garde des pouvoirs publics, notamment les rapports de la Chambre régionale des comptes de Montpellier, les services du contrôle de légalité de la Préfecture de l’Hérault, et ignorent l’arrêt de la Cour administrative d’appel de Bordeaux qui s’est prononcée contre ces subventions. Ces subventions constituent des aides d’État au sens du droit européen et ne peuvent être octroyées à des fins d’aides marketing (publicité) aux compagnies notamment dans le cadre d’aéroports ayant un trafic supérieur à 700 000 passagers ».

Pourtant, depuis 2010, celles-ci n’ont fait l’objet d’aucune notification à la Commission Européenne. Elles contreviennent aux lignes directrices en matière d’aide d’État aux aéroports et compagnies aériennes.

Dès 2015, seul le département de l’Hérault a mis fin au subventionnement de l’APFTE.

Pour Dominique Guy-Chevanne, du collectif Roosevelt, « le 24 novembre 2016, la Métropole Montpellier Méditerranée récidivait en délibérant pour l’octroi d’une subvention de 747 500 €. Aucune réponse chiffrée n’a été donnée par le Président de la Métropole Philippe Saurel, qui a précisé que le dossier était de la compétence de la Région Occitanie. »

Par l’achat d’espaces publicitaires, d’un coût prévisionnel de 1 500 000 € pour cette année 2016, c’est bien le soutien au trafic commercial principalement de la compagnie Ryanair qui est visé par ce système d’aides publiques.

Or, son trafic ne draine, au plus fort de ces deux dernières années, qu’environ 55 000 passagers (aller-retour), soit près de 22 € de dépenses publiques par passager.

Geoffroy Bouvet, Président de l’Association des Professionnels Navigants de l’Aviation rappelle que « condamnée par les tribunaux pour travail dissimulé à Marseille, Ryanair va jusqu’à loger des équipages dans des campings. Deux cents procédures sont pendantes en Europe contre Ryanair ! »

Pour Eudes Baufreton, délégué général de l’association Contribuables Associés, « il n’y a aucun contrôle, ni évaluation de l’efficacité sur l’emploi des subventions publiques aux entreprises. De plus, celles-ci coûtent très cher aux contribuables. Ryanair ne devrait pas être subventionnée par nos impôts, c’est un détournement de l’argent des contribuables ! »

À Montpellier, les collectivités se méprennent en subventionnant Ryanair comme élément d’attractivité du territoire (touristique et affaires). En effet, d’une part, cette compagnie ne représente que 7 % de trafic de la plateforme de Montpellier et, d’autre part, les compagnies Hop et Easyjet non subventionnées ont un trafic bien plus élevé que Ryanair.

Pierre Bourguet, du collectif Éthique sur étiquette, association qui a pour mission la défense des droits humains au travail, est particulièrement sensible au volet social de ce dossier : « Pour leur formation chez Ryanair, les candidats au métier d’hôtesse comme de pilote doivent acquitter entre 2 500 à 13 000 euros. On découvre aussi que cette compagnie ne salarie personne en dehors de l’Irlande pour ce qui concerne le personnel au sol ; quant aux pilotes, seulement 25 % sont salariés et uniquement avec un contrat de travail irlandais. Nous dénonçons ces manœuvres scandaleuses de dumping social et fiscal. »

Les associations signataires demandent donc aux conseillers régionaux d’Occitanie de ne pas voter cette subvention à Ryanair.

Signataires :

Anticor

APNA

Contribuables associés

Éthique sur étiquette

Collectif Roosevelt

Partager cet article