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Julian Assange, combattant de la liberté, prix éthique Anticor

Deux magistrats britanniques vont examiner les 20 et 21 février 2024 la décision de la Haute Cour de justice de Londres, prise le 6 juin 2023, de refuser à Julian Assange l’autorisation de faire appel de son extradition aux États-Unis acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique.

S’il obtient gain de cause, son appel sera examiné sur le fond. En cas d’échec, il aura épuisé toutes les voies de recours au Royaume-Uni. Il pourrait alors être extradé.

En janvier 2008, WikiLeaks publie des documents d’une banque suisse, et les relevés bancaires des clients qui avaient un compte dans une filiale aux Îles Caïmans. C’était la première grande fuite qui dévoilait la richesse confisquée aux nations.

En 2010, WikiLeaks publie une vidéo de l’armée américaine montrant des civils tués gratuitement par un hélicoptère à Bagdad. D’autres documents permettent de savoir que la guerre a fait 66 000 victimes civiles et que l’armée américaine avait livré plusieurs milliers d’Irakiens à des centres de détention pratiquant la torture. Ces documents révèlent des crimes de guerre et les mensonges de l’histoire officielle.

En 2015, Wikileaks révèle que des présidents français ont été espionnés par les Etats-Unis: Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient sur écoutes. Et les informations étaient partagés avec l’Australie et le Royaume-Uni. L’ampleur des pratiques d’espionnage entre pays qui se disent amis était inconnue jusqu’alors.

Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks est un combattant de la liberté.
Il s’est battu pour nous, pour notre droit de savoir. Il s’est battu contre la raison d’État. Il s’est battu pour mettre en place un système de renseignement au service de la vérité et des citoyens.

Il a fait tomber des mises en scène dans lesquelles des pouvoirs s’autorisent la transgression des lois et le refus des règles communes. Il a exposé le pouvoir a la lumière du soleil.

Il paie aujourd’hui prix de son courage. Contraint de se réfugier à l’ambassade de l’Équateur à Londres en juin 2012, il y reste 6 ans et 9 mois sans voir la lumière du jour. Il est depuis dans une prison de haute sécurité, prisonnier politique dans un pays qui se dit respectueux des droits fondamentaux. Le rapporteur aux droits de l’homme de l’ONU a pourtant constaté qu’il était détenu dans des conditions d’oppression, d’isolement et de surveillance non justifiées.

Celui qui dénonce un crime ne peut être traité comme celui qui commet un crime. Sauf quand le pouvoir est criminel.

Sans doute, la justice permet cette suprême injustice. Cela nous renvoie à ce qu’écrivait Montesquieu: « Il n’est pas de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et sous les couleurs de la justice ».

Nous soutenons Julian Assange, car il a eu le courage de chercher la vérité et de la dire, et de refuser la loi du mensonge triomphant.
Nous le soutenons parce qu’il n’a pas seulement dénoncé l’injustice. Il a donné sa vie pour la combattre.
Nous le soutenons parce que les hommes qui se taisent alors qu’ils devraient protester, deviennent des lâches.

Journaliste et lanceur d’alerte, il incarne la cause de la justice, de la liberté et de la vérité. C’est donc aussi une cause pour nous tous, citoyens français..

Car la déclaration des droits de l’homme de 1789 proclame que « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme ».

Car le préambule de la déclaration de 1946 proclame, au sortir d’un des moments les plus tragiques de notre histoire que :  « Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ».

Car enfin, nous nous souvenons de ce que proclamait la Constitution de 1793 : « Tout étranger qui a bien mérité de l’humanité sera admis comme citoyen français. »

Nous pensons que nos dirigeants successifs, en refusant d’accorder l’asile a Julian Assange, ont trahi l’honneur et les principes qui fondent la République.

Pour finir, je vous rappellerai le destin d’un autre homme, qui a été jugé comme déserteur et condamné à mort par l’État français. Il nous disait que la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et qu’elle ne s’éteindra pas. Cet homme était à Londres en 1940. C’était Charles de Gaulle.

C’est pourquoi nous avons aujourd’hui l’honneur de remettre cette petite Marianne, symbole de notre pays, à celui qui nous a montré une voie pour changer le monde et le rendre meilleur. Car nous savons qu’il porte toujours en lui et pour nous tous cette flamme de la résistance.

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