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Anticor à Évry : « Il faut aider les élus à lutter contre la corruption ! »

Grégoire Turlotte, secrétaire général d’Anticor, était invité, le 4 octobre 2017, par la Maison du Monde d’Évry pour présenter l’association.

Voici son intervention :

« Anticor est une association de lutte contre la corruption qui est née au lendemain du 21 avril 2002. Elle a été créée par des élus et des citoyens qui considéraient que la présence de l’extrême-droite au second tour de l’élection présidentielle était en partie la conséquence du manque d’exemplarité des responsables politiques.

La corruption et ses dérivées trouvent historiquement ses sources dans au moins deux pratiques sociales très anciennes : le mélange entre argent privé et argent public par les hauts responsables et ce, dès l’antiquité, et l’idée de dons et de contre-dons, je te rends service, tu me rends service, notion plus anthropologique mais intéressante à observer.

Comment l’idée de corruption est-elle devenue peu à peu socialement inacceptable et comment s’est-elle imposée dans le corpus juridique ?

Dès l’Antiquité, l’idée d’intégrité personnelle apparaît chez les philosophes grecs.

La philosophie politique, à partir du XVIIIe siècle, n’imagine pas de démocratie possible sans vertu.

La corruption ou concussion fait son apparition dans le corpus juridique avec le code napoléonien. La jurisprudence et le législateur précisent, à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle, les pratiques répréhensibles, souvent sous la pression des scandales publics (scandale des décorations, scandale de Panama, affaire Stavinsky, affaire Urba). S’affinent peu à peu les contours juridiques des délits de favoritisme, d’abus de biens sociaux, de prise illégale d’intérêts, de détournement de fonds publics, de corruption active et passive. Le financement des partis politiques et des campagnes électorales est aussi peu à peu réglementé.

On notera, par exemple, que le clientélisme et le conflit d’intérêts ne sont pas de délits punis par la loi mais des pratiques politiques largement débattues – voir condamnées – par le corps civique.

Il a un lien évident entre la perpétuation de la démocratie comme régime politique et l’exemplarité de comportement des responsables élus.

Faut-il tout réglementer par la loi ?

Quand on est élu, il faudrait, de soi-même, s’interdire des pratiques problématiques d’un point de vue éthique. C’est un problème d’exemplarité, notamment dans un rapport sain à l’argent, sans lequel un régime démocratique n’est plus possible. Si le désir de pouvoir n’est qu’un désir d’argent, la démocratie républicaine ne fonctionne plus.

Anticor mène des actions juridiques dans le cadre posé par la loi. Elle est agréée pour se constituer partie civile dans les atteintes à la probité publique. Sa constitution comme partie civile est alors automatique. Seules trois associations sont ainsi agréées.

L’association mène aussi des actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour les convaincre d’intégrer ses propositions.

Enfin, il faut faire de la pédagogie et de la formation auprès des élus locaux pour les inciter à ne pas reproduire certaines pratiques comme, par exemple, le non-cumul des mandats. »

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