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Loi Sapin II : des avancées mais aussi des déceptions

Le projet de loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, ou « Loi Sapin 2 », a été définitivement adopté mardi 8 novembre. L’occasion pour le collectif d’organisations de la société civile spécialiste de la lutte contre la corruption et de l’évasion fiscale ‒ dont fait partie Anticor ‒ de faire le point sur les avancées du texte et ses manquements, notamment sur la protection des lanceurs d’alerte, l’agence anti-corruption, la transaction pénale, l’encadrement des lobbies et le reporting pays par pays public.

Lanceurs d’alerte

« Après l’adoption de la loi Sapin II, la France rejoint les pays européens qui ont une législation avancée pour la protection des lanceurs d’alerte. Cela rend encore d’autant moins compréhensible le refus du gouvernement de soutenir des lanceurs d’alerte emblématiques, qui ont révélé des informations avant l’adoption de cette loi et qui n’en bénéficieront pas», affirme Éric Alt d’Anticor.

Agence française anti-corruption

« Les garanties d’indépendance de l’Agence française anti-corruption ne sont pas satisfaisantes, notamment en raison de la double tutelle des Ministères de la Justice et des Finances. En outre, les associations agréées pour la lutte contre la corruption ne pourront effectuer aucun signalement auprès de l’Agence pour des faits commis par des entreprises, et donc ne pourront pas  prendre part à la lutte contre la corruption», indique Laetitia Liebert de Sherpa

Transaction pénale

« Nous regrettons que l’article introduisant une possibilité pour les entreprises de transiger avec la justice dans les cas de corruption ait été maintenu. Non seulement les changements de pratique en termes de corruption restent à démontrer, mais cela renvoie aux citoyens l’image d’une justice négociée « à deux vitesses »! En fait, il s’agira pour les entreprises d’acheter une immunité pénale », déclarent les ONG Anticor et Sherpa.

Encadrement des lobbies

« La seconde lecture a rendu le texte de loi totalement inopérant en matière d’encadrement des lobbies » analyse Claire Nouvian. « Le MEDEF, par exemple, sera soustrait à toute déclaration au titre de sa mission de « dialogue social » et seuls les lobbies ayant pour activité « principale ou régulière » d’influer sur la loi devront déclarer annuellement leur actions de lobbying. Libre à eux de définir ce qu’est une action « régulière »… La subjectivité de cette notion est une invitation pousse-au-crime à contourner la loi et à faire preuve de mauvaise foi » regrette Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM. « La transparence entre élus et lobbies, ce n’est pas pour demain ! »

Reporting pays par pays public

« Nous dénonçons avec force le reporting « à trous »  proposé par la Commission des lois inefficace dans la lutte contre l’évasion fiscale : en effet, le texte propose que les entreprises soient obligées de publier des informations concernant leurs activités et les impôts qu’elles payent uniquement dans les pays où elles ont un nombre minimum de filiales ! Ce qui reviendrait, par exemple, si ce seuil est fixé à deux filiales, à exclure 37 des 98 pays où Total est présent ! » déclarent les ONG CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France et ONE.

Signataires :

Anticor
BLOOM
CCFD-Terre Solidaire
Collectif Roosevelt
Justice et Paix
ONE
Oxfam France
ActionAid France
Peuples Solidaires
Réseau Foi et Justice Afrique Europe
Sherpa

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