Anticor à Bruxelles : « Il faut affecter les biens confisqués à un usage social ou culturel »
L’association Culture contre la Camorra, contre la mafia napolitaine, a organisé la Semaine de la lutte contre le crime organisé, sous le haut patronage du Parlement européen, à Bruxelles.
L’association antimafia italienne a invité de grands spécialistes, comme Gherardo Colombo, magistrat de la célèbre opération « Mains propres », en Italie, qui a vu un tiers des parlementaires mis en examen, entre 1993 et 1995.
De nombreux magistrats, experts, victimes de mafia, acteurs de la société civile antimafia et des politiques, dont le maire de Casal di Principe, dans la région de Naples, se sont succédé pour affirmer de manière unanime que le crime organisé possède une arme fatale : la corruption. Mais la force de cette semaine fût la présence des membres de l’association antimafia « NCO » qui présenta des produits issus des terres confisquées à la mafia.
Fabrice Rizzoli, président de l’association Crim’HALT et représentant de l’association Anticor, a eu l’occasion de faire quatre allocutions en deux jours. Il est revenu sur le fait qu’Anticor est la seule association à avoir intégré, dans son plaidoyer, l’usage social ou culturel des biens confisqués, conformément à l’avis de la Commission (européenne) spéciales contre le crime organisé, la corruption et le blanchiment des capitaux :
« La redistribution, à des fins sociales ou culturelles, des biens confisqués est l’unique moyen d’impliquer réellement les populations face à une prérogative régalienne. En effet, seuls les magistrats et les policiers peuvent mettre les corrompus en prison, privant de facto le citoyen d’un rôle proactif contre la corruption. En revanche, si une association se voit confier l’appartement de l’ancien Ministre de l’Intérieur pour gérer une maison des lanceurs d’alerte, alors les citoyens peuvent devenir proactifs dans le combat contre la corruption.
Pour changer les lois, il faut changer les mentalités. Et, seule la redistribution à des fins sociales ou culturelles permettrait de les changer.
En France, c’est l’AGRASC qui saisit les biens du crime organisé, des corrompus et des évadés fiscaux. Il faut aller plus loin… Le terrain agricole d’un gangster corse doit devenir une coopérative d’huile d’olive ! La maison, en Corse, de l’ancien Ministre des Finances doit devenir une école hôtelière pour que les jeunes apprennent un métier ! La maison des Balkany, à Giverny doit devenir une école de la seconde chance ! Et l’appartement de l’ancien Ministre de l’Intérieur doit devenir le siège de l’association Anticor ! »